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2 MALADIE PSYCHOSOMATIQUE
ET STRESS EMOTIONNEL


2.1 Médecine Psychosomatique
Définition :

Etude des perturbations psychiques d’ordre affectif et des troubles viscéraux qui en constituent la manifestation corporelle ; également du retentissement psychique des altérations organiques (somatiques).Garnier Delamare 1999

Somatisation : conversion de troubles psychiques en symptômes fonctionnels corporels.

L’hypothèse de base de la médecine psychosomatique est l’unité fonctionnelle soma-psyché. Ceci ne résout cependant pas les difficultés découlant de la pluralité de méthodes entraînant une multiplicité d’hypothèses.

Le terme psychosomatique désigne des affections, de pathologie générale, relevant en partie ou en totalité de facteurs psychologiques, conscients ou le plus souvent, inconscients. Ces affections sont une conséquence du stress* émotionnel, dont les mécanismes neuro-hormonaux commencent à être entrevus.


2.2 Stress psychique et maladies psychosomatiques

2.2.1 Stress psychique:
Le terme psycho-émotionnel semble mieux convenir car le psychisme dans sa fonction intellectuelle ou dans son raisonnement et son discours n'est guère générateur de stress. En revanche, l'affectivité dans ses contenus et ses débordements émotionnels a une dynamique à retentissement organique par le déclenchement de divers mécanismes neuro-hormonaux et immunitaires.

Pour Laborit , le stress est dû à l'inhibition de l'action et on parlera plus volontiers de maladie de l'inhibition comportementale ou comportementalo-organique que de maladie psychosomatique. « L’événement psychologique serait une cause de l’affection organique alors que nous ne pouvons le concevoir maintenant lui-même que comme une réponse à une relation entre l’homme, chargé de ses “histoires” biologiques , et son milieu.
Le poids de la mémoire, processus organique, biochimique, y est prépondérant et nous savons qu’elle constitue la substance même de ces émotions*.

« Or, ce sont celles-ci qui s’apparient avec les réactions physiologiques dont elles sont l’expression plutôt que la cause, réactions à une situation événementielle. »

2.2.2 Prévalence de l'émotion
Il y a chez les individus un véritable clivage selon la dominante de l'émotion ou du rationnel. On magnifie l'esprit cartésien mais l'homme est très accessoirement cartésien. Le dynamisme de l’émotion pulvérise la logique.

Mais l'émotion dans la profondeur de ses retentissements organiques risque de conduire l'homme à la mort à travers la diversité des bouleversements psychosomatiques.

L'émotion peut être seule en cause ou combinée à des facteurs prédisposants : elle joue alors le rôle d'élément déclenchant. C'est l'exemple de Trousseau faisant une crise d'asthme en surprenant son serviteur en train de dérober l'avoine de son cheval.

2.2.3 Choix de la cible organique
Pourquoi l'impact de l'émotion est-il différent selon les individus, dans le choix de la cible organique ?

Selye invoque l'exemple de la chaîne dont le maillon le plus faible cédera le premier.
Pour lui «les maladies à stress les plus courantes sont : l'ulcère gastro-duodénal, l'hypertension artérielle, les troubles du rythme cardiaque, les maladies coronaires, les dépressions nerveuses, mais aussi les maladies de la peau et les migraines» ainsi que la réaction du tissu conjonctif. Dans l'ulcère duodénal, le rôle d'un agent infectieux, helicobacter pylori, a été récemment démontré.

Mais la maladie psychosomatique, maladie à stress, peut s'exprimer dans tous les appareils.

Une revue ne peut être que partielle, sommaire; elle suggère pourtant l'ampleur du mécanisme psychosomatique, peut-être son universalité.


2.3 Le stress permanent


Selon Loo P. et Loo H le stress émotionnel peut être conscient; souvent, il est inconscient et plus nocif peut-être, car méconnu et durable. Comme le disait Selye, avec humour, il a été longtemps inconcevable que la présence d'une belle-mère mal tolérée puisse induire une colite spasmodique ou des manifestations allergiques cutanées.
La médecine a été réticente à admettre les mécanismes psychosomatiques, tellement conditionnée par le dualisme cartésien (le corps et l'âme sans dépendance réciproque) et focalisée sur les grandes découvertes de Pasteur.

Le rapport dominant-dominé, objet de tant d'études modernes chez l'animal, a un retentissement biologique important, dont l'extrapolation à l'homme n'a rien d'audacieux.

Le stress modifie le terrain, effondre les défenses immunitaires, accumule des réserves de combat inutilisables dans la vie moderne et par là, nocives à l'organisme. Le stress émotionnel a les mêmes effets que le stress physique, toxique, infectieux avec de plus la permanence, car la mémoire affective du système limbique en perpétue le potentiel.

Le stress psycho-émotionnel est souvent un stress chronique. Ce n'est pas toujours un événement qui bouleverse, intense et soudain, mais souvent une situation stable, paisible d'apparence mais à contenu contraignant (exemple de Selye : vivre avec une personne que l'on n'aime pas). Parfois, ce sont des situations où le «moi» se sent dévalorisé ou considère sa fonction comme dévalorisante (par exemple un infarctus dans un groupe d'ingénieurs astreints à une tâche sans prestige).


La qualité de l'émotion n'est pas seule en cause. Souvent, la soudaineté ou l'intensité peuvent être stressantes même pour une émotion heureuse. Par exemple, la mort soudaine d'un maire apprenant sa réélection.

La notion de stress émotionnel est perçue du grand public tout en demeurant pour lui obscure car le stress reste, malgré les progrès de la biologie, difficile à appréhender dans la complexité de sa stratification : facteurs génétiques, acquis, actuels, réponse hormonale, réaction du système nerveux, etc.


2.4 Psychose, névrose, maladie psychosomatique
Elles ont en commun la mise en cause, réelle ou imaginaire, de l'intégrité organique.

Dans la psychose (affection mentale avec une atteinte globale de la personnalité par le processus pathologique), les thèmes hypocondriaques expriment un « vécu délirant » ayant pour objet le corps altéré ou transformé.

Elle ne présente cependant pas d'atteinte organique contrairement à la névrose et aux atteintes psychosomatiques.

La névrose(affection nerveuse très répandue, liée à la vie psychique mais sans altération de la personnalité et s’accompagnent d’une conscience pénible et le plus souvent excessive de l’état morbide) , dont l'expression peut être organique, comporte des troubles fonctionnels.

Ils sont allégués, mis en avant pour servir d’excuse, dans les états névrotiques (mal de tête, mal au dos, spasmes, palpitations, fatigue, etc. .), ou apparents dans la conversion hystérique (paralysie, contractures, aphonie, etc.), plus rare aujourd'hui.
Les névroses sont un mode de défense, quand les conditions de la vie dépassent les possibilités d'adaptation. L'hystérie, par exemple, forme d'aménagement de l'émotion, libère dans ses manifestations histrioniques (comportement théâtral et excessif), la dynamique sous-jacente et par là se protège contre les conséquences organiques du stress.

La névrose manifeste librement ses émotions. Le stress aura, par cette salutaire dérivation, peut-être un aspect organique, mais fonctionnel, non lésionnel.

Névrose et maladie psychosomatique ont aussi en commun la dynamique émotionnelle. Ils reflètent un état affectif particulier.

La maladie psychosomatique a des troubles organiques mais lésionnels, non fonctionnels. Elle déconcerte les psychanalystes, car ils se heurtent au réel. Le symptôme psychosomatique a été déclaré par l'un d'eux « un symptôme bête» Marty(1980) .

"Le manque d'enracinement dans le passé" du psychosomatique est à l'opposé de la névrose, puisque pour eux la névrose prend source dans le passé, elle retentit des lointains échos de la vie infantile; elle est conditionnée par la mémoire affective où est stockée toute une charge émotionnelle.

De plus, à l'inverse du psychosomatique, " centré sur l'immédiat, avec une grande difficulté à exprimer ses affects ", la névrose les épanche, avec quelle prodigalité.

Dans la vie moderne où les émotions sont pudiquement contenues, l'hystérie régresse ou se transforme mais les troubles psychosomatiques semblent augmenter.
En somme, la dynamique émotionnelle a deux issues, la névrose ou la voie psychosomatique. Parfois, les deux voies peuvent être simultanément empruntées comme si, quand l'une est saturée, une dérivation s'établit vers la seconde

Pour Haynal , la participation de facteurs psychologiques (émotionnels) est nécessaire pour aboutir à la manifestation des symptômes fonctionnels accompagnant l’angoisse et la dépression.. Se constituent alors des troubles somatoformes avec symptômes physiques suggérant l’existence d’une maladie somatique.

Les examens et investigations pratiqués alors par le médecin ne permettent pas de poser un diagnostic médical ni de déceler un mécanisme physiopathologique expliquant les plaintes.
On parle alors de pathologie névrotique.


2.5 Pathologies fonctionnelles


A Pathologies fonctionnelles digestives.

Elles sont de loin les plus fréquentes.

Au niveau de l’œsophage
Dysphagies
Spasmes de l’œsophage
Troubles de la déglutition
Reflux œsophago-gastriques

Au niveau de l'estomac
Hyperchlorhydrie, gastralgies, gastrites
Ulcère peptique
Dilatation stomacale
Aérogastrie
Nausées, vomissements
Difficultés de digestion
Epigastralgies

Au niveau des intestins
Atonie ou hypertonie intestinale
Pneumatisme (aérocolie)
Diverticulite (pneumatisme associé â hvpertonie)
Troubles du péristaltisme
Constipation ou diarrhée
Troubles de la défécation
Colopathies fonctionnelles
Colites

B Pathologies fonctionnelles cardio-vasculaires

Au niveau du coeur
Douleurs thoraciques: Précordialgies
Névralgies intercostales
Dorsalgies
Douleurs axillaires
Douleurs de l'épaule ou du bras.
Arythmies et palpitations
Tachycardie ou bradycardie
Angine de poitrine

Au niveau des artéres et des veines
Hyper ou hypotension d'origine neuro-végétative
Spasmes vaso-constricteurs des membres
Acrocyanose
Troubles de la vaso-motricité cérébrale (migraines)

C Pathologies fonctionnelles respiratoires

Asthme
Troubles du diaphragme
Troubles de ta cadence respiratoire : dyspnées
Polypnées
Dilatation des bronches
Bronchite chronique
Emphysème
Toux

D Pathologies fonctionnelles hépato-vésiculo-pancréatiques

Paresse vésiculaire
Difficultés de digestion
Migraines et cervicalgies
Pseudo PSH ou NCB
Pseudo épicondylite
Congestion hépatique
Coliques hépatiques
Ictère neuro végétatif
Diabète

E Pathologies fonctionnelles de la sphère O.R.L

Troubles de la lacrymation
Troubles de l'accomodation
Myosis ou mydriase
Conjonctivite
Troubles des muqueuses naso-sinusales
Rhinites allergiques
Rhinorrhées
Rhinites atrophiques ou hypertrophiques
Sinusites
Troubles du carrefour trachéo-oesophagien
Migraines et céphalées
Algies vasculaires de la face
Acouphènes
Vertiges
Otalgies et parotalgies

F Pathologies fonctionnelles génito-urinaires

Enurésie, anurie
Pollakiurie
Cystalgies
Algies pelviennes
Dysménorrhées, aménorrhées
Douleurs ovariennes
Congestions utérines
Troubles vaginaux
Stérilité
Déficience des contractions utérines


G Pathologies fonctionnelles cutanées

Démangeaisons
Prurit
Urticaires
Eczéma
Verrues
Paresthésies et dysesthésies

H Pathologies fonctionnelles hormonales

Hypo ou hyperthyroïdie
Insuffisance hypophysaire
Insuffisance surrénalienne


I Pathologies fonctionnelles psychiques

Hyper ou hypo-activité intellectuelle
Anxiété
Etat dépressif
Angoisses
Cauchemars
Troubles de la mémoire
Retards scolaires
Insomnies
Somnolence et Hypersomnies
Hyperkinésie
Irritabilité ou agressivité
Asthénie
Anorexie ou hyperphagie
Troubles de l'éjaculation
Troubles de la lubrification vaginale
Impuissance

J Pathologies fonctionnelles métaboliques

Spasmophilie
Tétanie
Asthénie musculaire
Obésité
Amaigrissement
Rétention hydrique
Cellulite

K Pathologies fonctionnelles ostéo-articulaires et musculaires

Algies vertébrales et articulaires fugaces et erratiques
Douleurs musculaires
Hyper ou hypotonie musculaire
Pseudo tendinites
Faiblesse musculaire
Fatigabilité musculaire
Crampes
Paresthésies mobiles.


L’étendue de ces pathologies fonctionnelles, suite à une atteinte du système neuro végétatif (consécutive à un stress émotionnel), établie par Caporossi R , nous montre déjà le retentissement corporel considérable de l’émotion.

2.6 Conclusion
« Nous commençons à comprendre aujourd'hui que beaucoup de maladies courantes sont davantage dues au manque d'adaptation au stress qu'à des accidents causés par des microbes, des virus, des substances nocives ou tout agent externe ». Selye .

« Aussi, le stress est-il une illustration de la médecine totale, de la psychosomatique. Face à des philosophies ou des religions qui les dissocient, il réunifie le corps et l'âme ». Fauvet, 1980 .

Pour Haynal et Pasini , Les modèles qui se dégagent des expérimentations plaident pour une acception très large du terme « psychosomatique », encore appuyée par les observations cliniques de ces dernières décennies (en particulier par les recherches menées dans les groupes Balint ou avec d'autres méthodes d'observation du champ psychosocial).

Notamment, il se décante une image de la maladie (et de la santé) dans laquelle différents facteurs jouent un rôle à des degrés divers.


Il est évident qu'une infection massive (par exemple lors d'accidents de laboratoire), avec des microbes hautement virulents, aboutit dans presque 100 % des cas à une maladie manifeste, tandis que dans des cas d'infection moins extrême, la résistance de l'organisme va jouer et, dans cette résistance, l'équilibre psychique de l'individu.

Pour des maladies infectieuses (comme la grippe, la tuberculose), des raisons psychosociologiques peuvent être responsables d'une baisse de résistance aboutissant à la maladie.


Dans cette perspective, pratiquement toutes les maladies peuvent être considérées comme des maladies psychosomatiques où les facteurs psychiques et somatiques joueraient des rôles d'importance variable.


A l'extrême, pour des raisons pratiques, on peut négliger la participation somatique (maladies purement « psychogéniques») dans certaines (par exemple l'anorexie), et à l'autre bout des états morbides pour lesquels la détermination somatique est prépondérante avec une participation pratiquement négligeable des facteurs psychologiques (par exemple certaines maladies infectieuses).

2.7 Apport au mémoire
Nous agissons souvent sur des pathologies organiques, fonctionnelles ou lésionnelles (dans le vocabulaire défini par les psychiatres), donc de ce point de vue, névrotiques voir psychosomatiques. L’importance de l’émotion dans ces pathologies est largement prouvée.

Certains de nos patients sont sous stress permanent et la pathologie mécanique que nous rencontrons peut être de nature émotionnelle ou maintenue par celle ci .

L’émotion est prépondérante dans toute pathologie à connotation psychosomatique ou névrotique et nous devons saisir la plainte de nos patients et discerner cette composante émotionnelle.

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Jean-luc LASSERRE Ostéopathe DO

 

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