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5 PSYCHOPHYSIOLOGIE DU COMPORTEMENT


Parfois l'organisme est alerté de l'existence d'un danger extérieur, automatiquement, dans certaines situations. Si les hommes sont parvenus à survivre et à prospérer malgré les dangers, c'est grâce à un mécanisme d'alarme découvert par Laborit , puis minutieusement décrit par J. Fradin dans La Psychophysio-analyse, et qui s'appelle : états d'urgence de l'instinct .

Il s'agit d'un système réflexe, activé par le cerveau reptilien ( tronc cérébral, hypothalamus) sous l'impulsion de certains stimuli perçus comme des signaux de danger pour la survie de l'individu ou pour le maintien de son intégrité physique. Ce mécanisme réflexe, cette sonnette d'alarme, va permettre à l'organisme de réagir extrêmement vite.

Les stimuli déclenchants sont innés ou acquis ; ce peut être aussi bien certains bruits, certaines odeurs, certaines douleurs ou certaines maladies, certains animaux, certaines situations, certains mots, certains comportements, etc( en fait, toutes « agressions » ressenties comme stress). La réaction réflexe déclenchée (ou état d'urgence de l'instinct) peut se présenter sous trois aspects différents, en fonction de la situation et de l'individu.


5.1 L'état de fuite
Comme son nom l'indique, il force l'individu à s'enfuir le plus vite possible. L'individu se sent poussé à détaler sans même comprendre pourquoi. Concomitamment, il se produit une modification des fonctions métaboliques qui favorise la mobilisation des ressources énergétiques et des muscles nécessaires à la course.

Le vécu émotionnel, correspondant à cet état, est la peur. Incontrôlable, irréfléchie, puisque par définition elle est réflexe. La peur n'a rien à voir avec la conscience d'un danger fondée sur l'observation et la réflexion ; les deux sont souvent confondues dans le langage courant, mais on peut avoir peur en l'absence de danger, et on peut être conscient d'un danger sans ressentir la peur.

Avant même que le lapin ait pu analyser le bruit des pas qui se rapproche, il est déjà en train de courir à toute vitesse pour se mettre à l'abri.


5.2 L'état de lutte
Il pousse l'individu au combat, mais là encore de façon automatique, réflexe. Comme dans la fuite, cette réaction génère des modifications métaboliques qui mettent l'individu dans les meilleures conditions physiques et émotionnelles pour vaincre son adversaire éventuel (agressivité, rythme cardiaque, tonus musculaire, afflux de sang).
Le vécu émotionnel, c'est ici la colère, une colère toujours aussi indépendante de la réflexion néocorticale que pouvait l'être la peur dans l'état de fuite. L'envie de mordre ou de tuer est réflexe, et en rapport avec son propre instinct de survie.


5.3 L'état d'inhibition de l'action
Il oblige, quant à lui l'individu, à faire le mort, en ralentissant toutes les fonctions métaboliques comme la respiration et la digestion, lui donnant plus de chances de passer ainsi inaperçu. Le vécu émotionnel est ici l'abattement, une dépression brutale et forte qui entraîne la prostration.

Un état d'urgence a vocation à être de courte durée, le temps de mettre en oeuvre une première réaction salvatrice et de permettre aux autres cerveaux d'élaborer des stratégies plus sophistiquées. En particulier chez l'homme.

Ce mécanisme d'alerte présente d'immenses avantages et quelques inconvénients. Au rang des avantages, essentiellement la rapidité de sa mise en oeuvre qui compense la relative lenteur des autres cerveaux (l'intelligence met au moins une seconde pour analyser une situation alors que les états d'urgence surviennent quasi instantanément). Au rang des inconvénients, l'alerte peut être infondée et générer un comportement inadapté.

Tout bruit suspect ne correspond pas forcément à un danger, ni toute forme inquiétante à un ennemi. Il faut donc que le relais soit pris rapidement avec le cerveau néocortical, c'est-à-dire l'intelligence et la réflexion, ne serait-ce que pour se défaire de l'émotion liée à l'état d'urgence.


5.4 L’état d'urgence permanent ou de souffrance
Les émotions que suscitent les états d'urgence de l'instinct ne sont pas suffisantes pour mettre en péril ce que Boiron nomme le bonheur de l'individu. Elles représentent un moment de stress, mais c'est tout. Chaque cerveau joue bien son rôle : reptilien et limbique déclenchent les réactions réflexes, puis le néocortex entre en scène et reprend les rênes du pouvoir du haut de sa compétence pointue. L'émotion retombe à ce moment-là, elle n'aura duré que quelques instants.

Le malheur arrive si et quand ces émotions s'installent durablement. Les réflexes limbiques ne sont pas relayés par l'intelligence néocorticale, l'individu reste sous l'emprise de la peur, de la colère ou de l'abattement. Nous ne sommes plus dans le cadre d'une réaction physiologique, nous glissons dans la pathologie.

De fait, la peur cède la place à l'anxiété, la colère à l'agressivité, et l'abattement à la tristesse ou à l'état dépressif.

Aucun véritable danger n'explique la rémanence de ces émotions qui n'ont à déboucher sur aucune action de survie: pas de nécessité de fuir, de combattre ou de faire le mort. Alors, pourquoi ?

Simplement, d'après les travaux de J. et F. Fradin , parce que l'intelligence ne parvient pas à prendre le relais d'un programme automatique limbique que par ailleurs elle désapprouve. Le cerveau reptilien considère alors qu'il y a danger, et déclenche le seul mécanisme d'alarme qu'il connaît, l'état d'urgence de l'instinct, afin d'alerter l'arbitre suprême, la conscience, qui doit redistribuer les rôles et permettre à l'intelligence de réparer les programmes inadaptés.

Tant que le néocortex n'est pas réinstallé au pouvoir, la sonnette d'alarme reste enclenchée. L'émotion qui en découle est alors soit un état d'agitation (fuite), d'agressivité (lutte) ou de tristesse (inhibition). Tout cela sans aucune raison objective.

C'est cet état de souffrance que Boiron propose d'appeler le malheur (état de dégradation du bonheur), car c'est bien alors que le bonheur s'en va, que cet état de plénitude, de complète satisfaction qui nous habite, hors des états d'urgence, nous quitte.

Chaque fois que nous nous sentons agressifs, anxieux ou tristes alors même que notre vie n'est pas en danger, ce ne sont pas les faits qui sont en cause, mais seulement une pensée automatique conditionnée, avec laquelle notre intelligence n'est pas d'accord. " Ce ne sont pas tant les choses qui nous font souffrir que l'idée que nous en avons ".

Ces états sont réellement pathologiques : ils entraînent une modification de l'humeur et du fonctionnement physiologique et, de fait, ils sont beaucoup plus fréquents qu'on ne le croit: on passe le plus clair de sa vie en état d'urgence permanent, c'est-à-dire baigné dans ses émotions, c'est-à-dire en état de malheur.

Ces émotions, à leur tour, génèrent des comportements pathologiques : l'anxiété entraîne une agitation incessante, physique, psychique, professionnelle, affective ; l'agressivité se décompense en esprit de compétition, en combats et défis de toutes sortes ; l'état dépressif ou la tristesse se traduit par un grand besoin de sommeil, et par la recherche de situations surprotégées.

Et surtout ces états pathologiques chroniques vont souvent déboucher sur la prise de drogues, d'alcool ou de médicaments. Il s'agit donc bien d'une maladie (voir schéma).


5.5 Apport au Mémoire

Nous découvrons ici l’importance des trois émotions primaires impliquées dans la pathologie psychosomatique et surtout leur implication en cas de stress permanent.

Nous découvrons l’hyperactivité du cerveau reptilien et du système limbique et la déconnexion du néocortex, cause de la souffrance psychique.

Figure 6 BOIRON Christian : La source du bonheur est dans notre cerveau,
Editions albin michel paris1998 p 32


5.6 Homéostasie généralisée et importance du terrain
5.6.1 Réaction physiologique

Cannon en parlant d’homéostasie* et de l’importance de sa conservation pour la survie a, par la suite et sans le vouloir, entraîné la croyance que celle-ci se limitait au milieu intérieur.

Si les variations de l’environnement deviennent trop importantes pour qu’un simple ajustement permette la conservation de l’équilibre homéostasique, la réaction organique , suite à la mise en jeu des systèmes nerveux végétatifs et endocriniens, déclenche un comportement. Celui-ci, par la fuite ou la lutte, permet de retrouver un environnement dans lequel l’homéostasie est à nouveau possible.

Mais pour cela un nouveau programme doit être mis en jeu. Les réactions organiques qui, jusque-la, assuraient le maintien de l’homéostasie du milieu intérieur vont dans ce cas assurer d’abord l’autonomie motrice par rapport à l’environnement, l’autocinése (ensemble des mouvements du corps) exigée par le comportement de fuite ou de lutte et cela au dépend de l’homéostasie du milieu intérieur.

La conservation de notre « vie libre et indépendante » ne sera plus la conséquence de « la conservation de la constance des conditions de vie dans le milieu intérieur » mais de sa perte.

Grâce à cet abandon momentané, la fuite en soustrayant l’organisme au danger survenu dans l’environnement ou la lutte en le faisant disparaître en agissant sur lui, permettront le retour à des conditions de vie normale dans l’environnement. Ce n’est qu’alors seulement, que le retour à l’homéostasie du milieu intérieur redeviendra possible.

En d’autres termes, suite à un choc ayant entraîné un traumatisme, par exemple lors d’un combat, l’individu, s’il continue son combat, « oubliera » son traumatisme et la douleur associée. La réparation tissulaire sera alors stoppée et différée dans le temps, jusqu’à la fin du combat ou l’arrêt de celui ci. Elle reprendra alors lorsque l’individu aura retrouvé calme et détente.

Laborit a donc été conduit à distinguer

une homéostasie restreinte limitée au maintien de la constance des conditions de vie dans le milieu intérieur et, en passant au niveau d’organisation supérieur,

une homéostasie généralisée, celle de l’organisme entier à l’égard de son milieu extérieur, dans l’environnement.

Il y à bien la changement de programme pour atteindre un but identique, la survie. La réaction organique à l’agression est bien une réaction « physiologique » dés que l’on ne confond pas son mécanisme avec celui assurant l’homéostasie restreinte.


5.6.2 Réaction pathologique : importance du terrain
Suite à une lésion de structure(tissulaire) par action d’une source énergétique externe : mécanique, thermique, chimique, etc., les syndromes aigus ne se présenteront pas de la même façon, suivant l’histoire antérieure de l’organisme qui les subit. La pathologie réactionnelle aiguë à une lésion elle-même brutale et soudaine, dépend aussi de ce qu’il est convenu d’appeler le « terrain » et qui nous paraît être l’état de la dynamique métabolique tissulaire au moment où elle s’installe.


Cette dynamique, elle-même, dépend de toute l’histoire antérieure, neuro-endocrino-métabolique, du sujet, c’est-à-dire de ses rapports historiques avec ses environnements.

La physio-pathologie se trouve dominée par les processus de mémoire (génétique, immunitaire et surtout ici nerveuse) et leurs conséquences sur le comportement à l’égard du milieu.

Cette mémoire nerveuse se souvient des actions inefficaces ou douloureuses mettant en jeu le faisceau de punition (passant par l’hypothalamus médian). C’est elle qui mobilisera le système inhibiteur de l’action ( cause du stress). Celui-ci mobilisera à son tour le système neuro-endocrinien, hypothalamo-hypophyso-surrénalien, avec libération de glucocorticoïdes de la réaction d’alarme (d’anxiété).

Cette angoisse s’auto-entretiendra aussi longtemps que l’action gratifiante, mise en jeu par le faisceau de récompense (passant par l’hypothalamus latéral), n’aura pas interrompu le cercle vicieux entraînant alors les maladies psychosomatiques avec effondrement, entre autres, des défenses immunitaires.

5.6.3 Apport à l’Ostéopathie
Nous avons peut-être là l’explication à l’échec de certaines techniques ostéopathiques qui ne prennent pas en compte l’aspect émotionnel, le vécu, de la pathologie du patient. Si l’atteinte de la structure survient sur un terrain de stress permanent avec perturbation de l’homéostasie généralisée, la correction structurelle sera insuffisante.

Le rétablissement de l’homéostasie restreinte ne suffit pas quand l’homéostasie généralisée est déficiente.


Figure 7, LABORIT H ; La légende des comportements,
Flammarion, Paris, 1994, p58

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Jean-luc LASSERRE Ostéopathe DO

 

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